Dans le contexte social mouvementé du département de la Réunion, il a semblé essentiel aux CCAS fédérés au travers de l’Union Départementale des CCAS de se positionner sur le problème et sur son traitement.
Il importe de rappeler en premier lieu que la crise sociale que nous traversons, qui s’est traduite par les récentes manifestations de colère contre la vie chère est l’expression d’un malaise profond d’une société où la précarité pèse toujours plus lourdement sur les familles les plus démunies et les populations les plus fragiles. Il convient de ne pas le négliger et de travailler les réponses sur le long terme, le manque d’emploi demeure le problème principal.
La crise économique génère une situation d’urgence permanente à laquelle les CCAS de la Réunion sont confrontés. Tous les jours nos établissements, structures de proximité de l’action sociale par excellence, reçoivent les familles qui vivent des situations toujours plus complexes. C’est pourquoi depuis 2008 et de manière continue, les CCAS de la Réunion font face et répondent à une hausse globale des demandes d’aides. Nos aides financières, alimentaires, énergétiques, pour les loyers et autres, apportent des solutions certes temporaires, mais non négligeables dans la situation actuelle et freinent les processus d’exclusion.
Nos CCAS/CIAS ont été obligés de s’adapter et de faire évoluer les modalités d’attribution de leurs aides face à l’apparition de nouveaux publics et à l’accroissement des demandes. Les CCAS permettent de pallier la rigidité, et les carences des dispositifs légaux. Ceux-ci, en effet, ne répondent pas toujours à des logiques microsociales, à des besoins particuliers et difficilement à l’urgence sociale. Les dispositifs, conçus le plus souvent au niveau national ou départemental ont le souci d’apporter une réponse de masse et sont parfois peu adaptables à des situations individuelles. Nos établissements peuvent, grâce à la souplesse dont ils sont dotés par les textes, intervenir là où il n’existe aucune possibilité définie par la loi. Ils sont aussi capables d’anticiper sur les mesures légales lorsqu’existent des situations d’urgence. Ils sont en ce sens une véritable soupape de sécurité et permettent une complémentarité essentielle, notamment avec les dispositifs gérés par les partenaires de l’État et du Conseil général. Pour toutes ces raisons les budgets, consacrés par les villes à l’action sociale, subissent eux aussi une nette évolution. Si ce constat montre bien la volonté des CCAS/CIAS de répondre à la progression de la demande, il oblige néanmoins à se poser la question des limites de l’intervention du service public de proximité.
L’UDCCAS réunie en conseil d’administration à la mairie du Tampon ce vendredi 10 mars 2012, fort des différentes sensibilités et hors de toute polémique :
• S’interroge sur les conséquences de la baisse des recettes de l’octroi de mer pour l’ensemble des communes. Celle-ci va immanquablement pénaliser le budget des villes et donc forcément celui des CCAS. Les problèmes budgétaires résultant de ces décisions, au-delà des impacts sur les actions communales, toucheront de plein fouet les familles les plus fragiles. Par ailleurs, supprimer une partie de l’octroie de mer c’est mettre un pied dans l’engrenage de la suppression totale de cette ressource indispensable aux communes. Il importe donc de bien prendre le temps de mesurer les conséquences de cette disparition sur l’équilibre du système. L’UDCCAS se pose la question du risque de voir la TVA locale augmenter du fait de la disparition partielle ou totale de l'octroi de mer. Ce qui ne manquerait pas de grever plus encore le budget des ménages. Nous posons donc la question de la compensation pérenne de la disparition de l’octroie de mer.
• Prend acte et se félicite de la décision du conseil général de créer le « chèque énergie », et restera attentive aux conditions d’attribution de cette aide. Les CCAS qui font aujourd’hui face, seuls, à ces dépenses ne manqueront pas d’orienter les usagers vers les services du département.
• Insiste au regard des complexités qui découragent parfois les demandeurs, sur la nécessité de simplifier les démarches et de revoir les modalités des critères d’attribution des aides dans certaines collectivités ou institutions. Ceci devrait éviter que des millions d’Euros, devant être consacrés à l’aide et l’action sociale, ne soient pas utilisés et retournent dans certains cas en métropole. Au-delà des effets d’annonce, l’aide doit réellement arriver aux familles.
• Considère que favoriser la consommation pour relancer l’économie locale paraît être une bonne démarche. Cependant, il n'en reste pas moins indispensable de renforcer les capacités d’intervention des CCAS ou d’autres services sociaux, de manière à mieux cibler les demandeurs en grande précarité.
• Affirme qu’une plus grande collaboration entre les services sociaux s’impose plus que jamais, et propose que se développent et s’instituent à l’échelle des communes des instances de coordination autour des maires – Président des CCAS pour définir, adapter et évaluer les politiques sociales à l'œuvre,
• Prône le développement des conventions partenariales avec les acteurs sociaux des communes, du département et de l’Etat afin de mettre en œuvre une véritable synergie en vue d’apporter des réponses mutualisées et adaptées aux territoires
L’union des CCAS de la Réunion réalisera prochainement une étude pour évaluer l’importance de l’action sociale des CCAS au regard des problématiques du département.
Eric FRUTEAU
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