Intervention au sujet de la mise en place du SDOMS :
La responsabilité du Conseil Général est engagée de par la loi. Il y a effectivement l’obligation pour nous de mettre en place un plan pour 5 ans. Ce plan doit proposer des orientations en faveur des PA et des PH. C’est ainsi que le texte qui nous est présenté répond à des objectifs et propose des fiches actions en se basant sur un bilan de l’existant. Cette démarche s’étant aussi appuyée sur l’avis de partenaires. Aussi le schéma proposé a le mérite d’établir des objectifs en direction du public concerné.
Le défi financier et l’enjeu sociétal lié au vieillissement
Néanmoins il me semble primordial de resituer ce schéma dans une perspective d’évolution future et de défis à relever. Et là le texte ne nous éclaire pas suffisamment à mon sens.
D’abord, Il me semble nécessaire de poser d’un point de vue démographique le problème. Notre île ne sera pas épargnée par la problématique du vieillissement de la population (nous aurons 120 000 réunionnais âgés de plus de 60 ans, plus de 40 000 âgés de plus de 75 ans en 2015 ; les PA constitueront 26% de la population en 2040). Des réponses sont attendues pour relever le défi financier qui y est lié. Quel financement ? Se pose alors la question fondamentale de la solidarité (entre les réunionnais et entre nous et la métropole) et donc de l’enjeu de société relatif à cette question. En parallèle le vieillissement accroitra les dépenses de santé.
Ensuite il me semble quand même opportun de poser la question du calendrier d’évolution de la loi répondant à ce défi et de se donner la marge nécessaire dans notre plan afin de s’adapter en conséquence. Je crois sincèrement que notre ambition est bien de proposer une orientation nous amenant à répondre à la question de l’adaptation de la société au vieillissement. Comment améliorer les conditions ? Eviter une crise du vieillissement et se saisir de la loi annoncée pour 2013 pour anticiper vraiment. Anticiper pour éviter une paupérisation encore plus grande (nous savons que la grande misère touche bon nombre de PA et que le minimum vieillesse, qui touche 42% de la population, ne suffit pas). Alors dans nos orientations, si nous ne posons pas en noir sur blanc nos doutes sur le financement de « l’autonomie des PA et des PH » et du 5ème risque, nous devenons irresponsables. Or nous ne voulons pas l’être.
Eviter l’échec d’un projet de cohésion
Nous devons donc considérer que le vieillissement doit être une opportunité heureuse. La prévention, la santé, les activités de loisirs, sportives ou culturelles, l’entretien de la mémoire, sans oublier l’adaptation des politiques d’aménagement (logements, équipements publics) doivent être autant de piste à explorer. Nous ne devons pas fuir la question de l’accompagnement et de l’hospitalisation à domicile (les pathologies s’alourdissent et la durée de dépendance s’allonge). Soulevons aussi la question de l’amélioration lourde et légère de l’habitat. Quelle politique mutualisée et partagée (avec le CR et les municipalités) mettre en place ? Chacune de ces collectivités ayant des compétences propres. Mais comment croiser les solutions afin d’améliorer la situation et anticiper dans l’adaptation ? Le maintien à domicile est une réponse. Nous devons y réfléchir. De même les aidants familiaux font un travail formidable. Dévouement, compensation, technicité. Comment répondre aux demandes (sur la formation par exemple) de ces travailleurs solidaires et améliorer leurs conditions de travail ?
Nous devons alors travailler à la réussite d’un projet qui va bien au-delà portant une vraie réflexion politique (voire philosophique). Nous éviterions ainsi ce qui pourrait (si nous ne sommes pas vigilants) devenir un naufrage humain et sociétal. Nous éviterions l’échec d’un projet de cohésion.
Eric FRUTEAU
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