« Pourquoi je ne serai pas candidat »
L’ancien maire, conseiller général depuis 11 ans, ne briguera pas de nouveau mandat en mars. Il compte se consacrer à ses obligations professionnelles et à son jeune parti, Demain La Réunion, qu’il entend mettre en ordre de bataille pour les prochains rendez-vous électoraux. Explications.
- Eric Fruteau, votre parti, Demain La Réunion, ne sera présent que dans le canton 5 (Saint-André centre), dont vous êtes l’un des conseillers généraux sortants. Serez-vous candidat ?
J’arrive au bout de 11 années de mandat de conseiller général. J’ai aussi été maire pendant 6 ans. Aujourd’hui, je veux prendre le temps de réfléchir à un projet fédérateur et progressiste pour notre île. C’est ce que nous avons commencé à faire en 2014 avec notre nouveau parti, Demain La Réunion, et qu’il faut approfondir. C’est la principale raison pour laquelle je ne briguerai pas de nouveau mandat en mars. J’en ai informé les membres de notre bureau mercredi.
Cela ne veut pas dire que je compte prendre la tangent ou faire montre de passivité. Au contraire, je vais tout mettre en œuvre pour que Demain La Réunion soit présent aux prochaines échéances électorales, régionales, sénatoriales, législatives… avec un projet et des idées. Je reviens au militantisme, qui est la base de toute action politique.
- Le fait que votre parti compte deux sortants sur le même canton, Robert Nativel et vous-même, a-t-il joué dans votre décision ?
C’est vrai que le nouveau découpage – on devrait plutôt parler de charcutage – ne facilité pas les choses. Mais je suis de toute façon amené à ouvrir une parenthèse dans ma vie. Je ne pourrai pas tout faire, mes obligations professionnelles me laissant peu de disponibilité. Et puis Robert Nativel a été un très bon conseiller général. S’il décide d’être candidat à la candidature, il a tout mon soutien.
- Outre Robert Nativel, qui figurera sur la liste de votre parti ? Votre épouse Claudy est-elle candidate ?
Non, catégoriquement. C’est un des engagements que nous avions pris dès les municipales. La liste complète sera rendue dans deux à trois semaines. Je ne peux pas en dire plus, le choix revenant aux membres cofondateurs et aux adhérents de Demain La Réunion.
Pour « une gauche robuste et combative »
- Pensez-vous déjà aux municipales 2020 ?
Pas plus qu’aux autre élections où nous voulons faire entendre notre voix. Ma priorité, c’est d’amener des idées pour construire une nouvelle gauche réunionnaise robuste et combative. Pour les régionales, nous avons déjà proposé que La Réunion devienne territoire expérimental pour les énergies renouvelables et bénéficie à ce titre du plan junker de relance de l’investissement.
- Que retiendrez-vous de vos 11 ans au conseil général ?
Pour mon canton, je citerai la construction du collège Morin, l’entretien des routes de Salazie et de Bras des chevrettes et le pont du chemin Morin qui a été construit ou encore la valorisation de l’Espace Naturel Sensible de Dioré ou le transfert du périmètre irrigué de Champ Borne. A l’échelle du département, l’ai hérité des dossiers de l’eau et du traitement des déchets, qui n’étaient pas les plus faciles. Je n’ai pas le sentiment d’avoir démérité. J’ai participé à des majorités plurielles où l’important était de travailler dans l’intérêt des Réunionnais par-delà les clivages partisans. Je n’ai pas toujours été d’accord avec Nassimah Dindar, y compris sur les budgets. Elle est de droite, je suis de gauche. Mais on se respecte.
- Etes-vous amer de voir que les comptes de campagne de Thierry Robert ont été validés et qu’il a échappé à une peine d’inéligibilité, alors que vous-même avez été privé des municipales après le rejet de votre compte aux législatives ?
Amer contre Thierry Robert, non. Tant mieux s’il peut se présenter. Mais quand même… Voilà une instance chargée de veiller au bon fonctionnement de la démocratie, la commission nationale des comptes de campagnes, qui fait une grossière erreur de timing en transmettant le dossier au tribunal administratif hors délais et qui permet à Thierry Robert de s’en sortir sur un vice de forme. Tandis qu’une autre instance, le Conseil Constitutionnel, m’a déclaré inéligible sans possibilité de recours alors que je n’avais même pas dépassé le seuil des dépenses autorisé. J’ai tourné la page et fait le deuil de cette histoire, mais il y a là matière à réflexion si on ne veut pas voir grandir la défiance des citoyens envers les institutions démocratiques.
Propos recueillis par Edouard MARCHAL
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.