Je vous propose cet article paru dans le Quotidien du 3 août 2018 d'Edouard MARCHAL.
"L'ancien maire de Saint-André, qui retrouvera son poste de proviseur adjoint en région parisienne à la rentrée, plaide pour la suppression de l'amendement Virapoullé et un nouveau modèle de développement pour La Réunion. Et annonce qu'il ne se prononcera pas sur les municipales avant le dernier trimestre 2019.
- EM : Eric Fruteau, vous séjournez actuellement dans l'île. Où serez vous à la fin du mois , pour la rentrée ?
- EF : Toujours au même endroit : à Champigny-sur Marne, en région parisienne, où je suis proviseur adjoint au lycée Gabriel-Péri depuis la rentrée 2017. C'est un lycée professionnel des métiers électrotechniques et de l'aide à la personne, situé en Zone Sécurité Prioritaire (ZSP). J'y ai été titularisé comme personnel de direction après mon année de stage. Le poste est très enrichissant et correspond à une évolution professionnelle à laquelle je réfléchissais depuis longtemps, même si ce n'est pas facile de partir et de laisser sa famille à 10 000 kilomètres.
- EM : Vous allez passer une année supplémentaire en métropole. Espérez-vous être affecté à La Réunion à la rentrée 2019 ?
- EF : Bien sûr ! Ma vie et ma famille sont ici. J'espère pouvoir obtenir un poste à La Réunion l'année prochaine, mais la décision ne dépend pas de moi et s'inscrira das le mouvement général. En attendant, même si j'ai la chance de pouvoir revenir plusieurs fois par an, j'expérimente ce que vivent de nombreux Réunionnais qui vivent loin de leur île. J'ai l'impression de revivre mes années d'étudiant à Toulouse.
- EM : Comment suivez-vous l'actualité locale ?
- EF : Depuis 2015 et la fon de mon dernier mandat [de conseiller général], je n'ai plus de contrainte d'élu, ce qui me permet de me concentrer sur mes projets professionnels. Mais depuis l'élection 2014, j'ai mis un point d'honneur à ne pas m'exprimer sur les affaires municipales.
- EM : au risque de laisser votre ancien premier adjoint, JB, à la tête de l'autre groupe d'opposition, occuper le terrain et capter la lumière...
- EF : Je ne suis pas là pour commenter ce que font les autres. Je considère que les trois élus de mon mouvement, Demain La Réunion (DLR), Robert Nativel, Colette Aquilimeba et Rita Houng-Chui-Kien, font très bien leur travail, de manière à la fois respectueuse et ferme. Ils ne sont ni dans le dénigrement ni dans l'excès. C'est une attitude qui me plait, je leur fais entièrement confiance.
- EM : Les municipales ont lieu dans et demi. Avez-vous l'intention de vous présenter ?
- EF : Ma décision n'est pas encore prise et je ne veux pas me précipiter. Je m'exprimerai probablement au cours du derniers trimestre 2019. Il y a plusieurs facteurs à prendre en compte. Le capital de confiance accumulé depuis 2004 [date de sa première élection au Département] en est un. La mesure de la volonté d'une équipe à s'engager et à assumer collectivement en est une autre. La politique me passionne, j'ai été dans les bureaux de vote dès l'âge de 18 ans. Mais depuis 2014, j'ai décidé de prendre le temps de la réflexion et du recul. Et je compte consacrer les prochains mois à travailler à un projet général pour La Réunion.
- EM : Votre éloignement temporaire ne risque-t-il pas d'être un handicap si vous décidez de vous lancer ?
- EF : Comme je vous le disais, j'ai fait le choix dès 2014 de ne pas intervenir dans le débat municipal. Que je sois présent ou pas ne change donc pas grand-chose, d'autant que je reste en contact très régulier avec mes camarades et avec la population. Je suis parfaitement au fait de la situation saint-andréenne.
- EM : L'unité à gauche, qui a fait cruellement défaut en 2014, est-elle envisageable en 2020 ?
- EF : Elle manquait aussi en 2008 [le candidat PS Emmanuel Sériacaroupin, qui avait recueilli 11,32% au premier tour, avait cependant fini pas se désister au deuxième]. En core une fois je m'exprimerai là-dessus en temps voulu. Tout ce que je peux dire, c'est que Demain La Réunion, discute avec tous ceux qui le souhaitent. La preuve, c'est que pour les sénatoriales de 2017, notre président Michel Picot figurait sur la liste PCR de Gélita Hoarau.
- EM : Jean-Paul Virapoullé multiplie les démarches pour sauver l'amendement qui porte son nom dans le projet de réforme constitutionnel. Pourquoi est-ce important de le supprimer ?
- EF : Parce que le monde change et que cet amendement inhibe le développement de l'île. Chômage, pauvreté, crise énergétique, pénurie de logements,... Tous ces problèmes sont exacerbés chez nous et doivent trouver des réponses adaptées. La Chine, l'Inde, L'Afrique du Sud s'affirment comme les nouvelles puissances du commerce mondial ; ça se passe à côté de chez nous, alors qu'est-ce qu'on fait ? La Réunion doit pouvoir définir son propre modèle, dans les respect du bloc de constitutionnalité que forment la Charte des droits de l'homme, la Constitution et la Charte de l'Environnement. Pour le reste, on doit pouvoir innover. Et sur tous les sujets dont dépend l'avenir de La Réunion, nous devons construire une alternative à gauche. Tout en sachant dépasser les clivages partisans quand il s'agit de défendre l'intérêt des Réunionnais.
Propos recueillis par Edouard MARCHAL"
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