Cela n'aura échappé à personne, l'île est en crise. Crise démocratique, crise politique prenant le pas d'une crise sociale et économique qui n'a jamais fini en réalité.
En regardant dans le rétroviseur nous voyons qu'après l’époque de la misère coloniale, la départementalisation (arrachée par des députés communistes) a permis d'enchaîner sur de grandes avancées sociales (services sociaux, protection de l’enfance, santé,..) et éducatives. Dans les années 80 d'autres victoires pour le progrès ont été possibles (libéralisation des ondes, abolition de la peine de mort, décentralisation,...). Cette période a été suivie par celle d'un grand et long combat mené par les progressistes de l'île (contre ceux qui défendaient le système de parité) pour l'égalité sociale individuelle avec la métropole puis l'alignement du RMI (je me rappelle avoir fait signer des pétitions dans les rues Saint-André). C'était "l'ère de l'égalité" ou de la reconnaissance sociale.
Depuis, La Réunion est devenue Région Ultra Périphérique (RUP avec un statut communautaire particulier) mais n’échappe pas aux conséquences d’une politique rigoriste imposée depuis 2005 par une constitution non voulue par le peuple : progression des inégalités, de la misère, de la pauvreté, de l'exclusion... Les collectivités locales, exsangues et contraintes financièrement, ne peuvent assumer leurs missions respectives. Parallèlement l'abstention et l'extrême droite progressent.
Et voilà qu'arrivent les nouveaux moyens de communication et la démocratisation des outils de liens sociaux.
Sûrement que les responsables politiques n'ont pas su (ou pu) anticiper l'ère de la communication. Ces changements sociétaux liés aux nouveaux modes de fonctionnement en réseaux, à la rapidité et à l'instantanéité de l'information... Le monde a donc changé et la Réunion vit ces transformations surprenantes (aussi surprenantes que la rapidité de la mutation économique due au passage d’une économie primaire à une économie où le tertiaire devenait prédominant).
C'est avec ces références historiques et dans ce contexte de changement que nous devons nous projeter et tenter un nouveau modèle de société durable tirant profit de cette nouvelle ère de la communication plutôt qu'en être victime.
Considérons comme il se doit les risques mondiaux à venir auxquels notre île sera exposée au même titre que tout territoire sur la terre (risques nucléaires, ceux liés aux changements climatiques et à la raréfaction des ressources, et risques sociaux liés aux inégalités croissantes). Forts de cette réflexion faisons le pari d'un modèle fort, d'un nouveau projet de société durable plus démocratique car participatif et citoyen, s'appuyant sur des piliers tels nos atouts (jeunesse, petitesse du territoire, fort taux d'équipements,...), la défense des droits humains fondamentaux (emploi, logement, santé, éducation...) et enfin l'autonomie énergétique et la sauvegarde des besoins vitaux. Il y a moyen de créer de la plus-value et de la richesse en faisant jouer autant la solidarité nationale que locale (les Réunionnais savent être solidaires).
Mais cela nécessitera il est vrai de la sérénité, de la confiance, une capacité de dialogue et d'écoute, de la patience, du respect, un esprit de responsabilité. Bref tout ce qui rompt avec le clientélisme et le maintien d'une déresponsabilisation entretenue jusqu'ici par certains. Une force pour dépasser les enjeux purement électoraux. Et Je laisse chacun évaluer si les annonces faites ce soir répondent ou pas aux attentes des Réunionnais pour un avenir meilleur.
Ce que je sais c'est que nous n'avons plus de temps à perdre. C'est maintenant que l'union et le rassemblement des Réunionnais peut peser sur toutes les grandes orientations contractuelles en se projetant sur au moins les 10 prochaines années.
C'est sur cette base que nous pouvons espérer rétablir la confiance populaire et lancer des passerelles avec nos gouvernants nationaux pour sortir de la précarité tant décriée et préparer sereinement l'avenir de nos enfants. Les Réunionnais méritent une société de bonheur. Telles sont mes premières réflexions (et une première contribution au débat) en cette fin d'année 2018.
Eric FRUTEAU
Demain La Réunion
Le 1er décembre 2018
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