ECHANGES AVEC LE JIR
Dans un entretien au JIR, le maire de Saint-André confirme sa candidature dans la 5e circonscription. S’il a déjà été investi par le PCR, Éric Fruteau souhaite rassembler "au-delà d’un simple parti".
JIR : "Êtes-vous candidat aux législatives ?"
E.Fruteau : "Le contexte actuel plaide pour une large réflexion sur le développement de La Réunion et de la micro-région Est en particulier, une micro-région très en retard. Elle n’accueille que 15% des entreprises de l’île, le revenu moyen y est de 11 300 euros contre 15 000 euros à La Réunion, son taux de chômage de 35,5% est le plus élevé... Elle a besoin d’un nouvel élan. Face à un tel diagnostic, je suis disponible pour impulser une nouvelle politique, fort de mon expérience acquise. Je serai candidat dans le 5e circonscription".
Vos opposants dénoncent une "course aux mandats" ?
"J’ai surtout l’impression de vouloir m’occuper de la situation de notre île et de faire des propositions. Je crois savoir que les responsabilités que j’occupe au comité de Bassin ou de l’Office de l’eau (président délégué) le sont à titre bénévole... Je connais beaucoup de maires qui sont également parlementaires et présidents d’instances. Je ne vois pas d’incompatibilité entre les responsabilités qu’on occupe localement et la volonté de faire avancer son île. Si je suis élu, je laisserai mon mandat de conseiller général à ma suppléante, si la loi le permet. Pour la Cirest, nous serons à un an et demi d’un renouvellement de l’ensemble des élus".
Quel bilan faites-vous du mandat de Jean-Claude Fruteau ?
"Je me positionne par rapport à un territoire qui souffre, pas à un homme. Le diagnostic social est alarmant. Il faut faire les choses autrement, porter une voix réunionnaise, la voix de l’Est à l’Assemblée nationale. Une voix que je souhaite différente des deux grands partis nationaux. Pourquoi resterions-nous dans une bipolarisation de la vie politique et dans une représentation réunionnaise bipolaire à l’Assemblée nationale ?
Vous êtes pourtant le candidat officiel du PCR ?
"Je veux être le candidat ne parlant pas au nom d’un seul parti. Je rêve d’une Réunion unie à l’Assemblée nationale, de cette situation où l’on est capable de dépasser les clivages politiques face au gouvernement. J’ai reçu le soutien du PCR, je suis un militant PCR, mais j’ai la volonté de rassembler au-delà d’un simple parti politique, pour tous et pour l’intérêt général, comme je l’ai fait à Saint-André en m’appuyant sur un projet. Il n’y a pas d’incohérence. Lorsque j’ai été élu en 2008, je n’ai pas été élu uniquement avec la voix des militants du PCR mais avec une majorité de Saint-Andréens même s’ils ne sont pas encartés ou ne partagent pas les idées du parti. Mon soutien à François Hollande est un choix idéologique, du progrès social et de la démocratie".
Vous revendiquez l’étiquette PCR, pourtant vous remettez en cause dans un livre son fonctionnement (notre édition du 24 février) ?
"C’est responsable d’avoir un point de vue, même s’il est différent, et de le faire valoir. Je dis dans mon ouvrage que mon éducation politique a été construite sur la base d’une certaine liberté de pensée. Ce n’est pas parce qu’on appartient à un parti politique qu’on doit oublier sa propre personnalité et ses idées. C’est à nous d’impulser cette nouvelle méthode et je pense qu’il y a des progrès à faire. Je ne pense pas être le seul, nous sommes un certain nombre de militants à adhérer à cette façon de penser la politique".
Qu’attendez-vous désormais de la direction du parti ?
"J’attends une écoute, une adhésion à ce que je ressens, c’est un minimum avant un débat contradictoire. Je suis disponible pour rénover, réformer les choses sur la base des idées que je défends". Et si ce débat n’a pas lieu ? "Je suis et je reste optimiste pour l’avenir".
Dans votre livre, vous donnez vos "pistes" pour développer La Réunion, quelles sont-elles ?
"La priorité, c’est l’emploi quand 54% des jeunes sont au chômage. Il faut une forte politique de création d’emplois dans la fonction publique, notamment dans l’éducation nationale en me positionnant pour la préférence régionale pour laquelle je suis favorable à un contournement des règles, ainsi qu’une politique de créations d’emplois dans les domaines de l’environnement et des services à la personne. Mais, la fonction publique ne pourra répondre seule aux besoins, il faut soutenir l’économie marchande avec une politique de grands travaux comme le tram train ou de projets hydrauliques structurants, soutenir les énergies renouvelables, donner sa chance à l’économie sociale et solidaire. Nous ouvrir sur notre espace géographique entouré de grands pays émergents. Les jeunes doivent savoir qu’ils peuvent changer le destin de leur pays".
Vous appelez à une "solidarité réunionnaise" ?
"Il n’est pas question de quémander à la France et l’Europe, mais à situation exceptionnelle, solutions exceptionnelles : 52% des Réunionnais vivent sous le seuil de pauvreté. L’État doit prendre ses responsabilités en commençant par ne pas se désengager. Il faut cette solidarité nationale en parallèle à une solidarité réunionnaise. Pourquoi ne pas mobiliser une fiscalité régionale pour créer un fonds de développement local ? Les Réunionnais paient déjà l’impôt sur le revenu ou l’impôt sur les sociétés, pourquoi ne pas mobiliser ces fonds ? Pourquoi 100% de l’argent de la Française des jeux repart-il en métropole ?"
■ P.Madubost
Eric FRUTEAU
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